NICE: 14 Juillet 2016 Marc MAGRO, médecin urgentiste témoigne.

Combien d’articles de presse, d’émissions de radio et de télé, de livres, ont été consacrés, depuis un an, à décrire l’horreur de ce sanglant 14 Juillet niçois ? Probablement des milliers. Tous témoignent des souffrances, des séquelles physiques et psychologiques, de l’insupportable de ces vies détruites. 86 victimes décédées, des centaines de blessés. Un environnement familial, amical, social, marqué à vie.

Comme si cela ne pouvait suffire, il convient d’ajouter les situations difficiles à affronter,  impossibles à oublier, de tous ceux qui, de garde ou de repos, professionnels ou volontaires, sont accourus sur les lieux du drame pour porter assistance. Tous se sont trouvés confrontés à des situations insoutenables. Tous y ont laissé une part de leur âme car le souvenir de ces scènes d’horreur ne s’effacera sans doute jamais de leur mémoire.  Marc MAGRO, médecin urgentiste, que nous vous avions présenté en Mai 2015 (*), était de garde ce soir-là et ses enfants étaient sur la Promenade. Le camion fou est passé à quelques dizaines de centimètres d’eux. Il a voulu donner la parole à tous ces intervenants, inconnus du public, pour nous faire connaître les souffrances qu’ils endurent depuis un an…

Ce pompier, qui interrompt un dîner familial pour sauter sur son scooter et se rendre sur la Prom,  à qui on déclare: « Puisque tu as un scooter, va compter les morts! » Alors qu’il a consacré sa vie à sauver celle des autres, le voilà  slalomant entre les corps étendus pour procéder à ce comptage, Avec le sentiment qu’il ne fait pas son métier et que son action, pourtant indispensable, ne pourra pas être comprise de ceux qui en sont témoins puisqu’il passe sans porter secours ! Imagine t’on ces infirmières, brancardiers, médecins, obligés d’aller de corps en corps, sans s’attarder, afin de déterminer le degré d’urgence, alors que les victimes attendent qu’on leur prenne la main, qu’on leur parle, qu’on les accompagne? Tous ces intervenants auront pendant longtemps, le sentiment de n’avoir pas fait leur job ce soir-là, en tout cas pas celui pour lequel ils étaient préparés. Et pourtant leur action était essentielle.

Nous avons rencontré Marc MAGRO.

M.M.  :  » Pendant les mois qui ont suivi le drame, les collègues soignants, pourtant habitués aux situations extrêmes, devenus eux-mêmes victimes collatérales, ne parvenaient pas à chasser les images, les cris, les silences de ce 14 Juillet 2016. Leur blouse blanche ne leur a pas servi d’armure. Comment oublier la nécessité de faire un choix parmi les blessés? Tous ne pouvaient pas être pris en charge simultanément. Quel est celui   à qui doit être donnée la priorité? Pas le temps de prendre la main d’un blessé et de lui adresser quelques mots de réconfort. L’urgence est au sol, où que se porte le regard. Il faut donc secourir l’un et abandonner l’autre, ce qui est insupportable. Choisir l’enfant plutôt que l’adulte, l’ado plutôt que le vieillard? Autant de situations traumatisantes dont il est difficile de se remettre. Ce livre n’a d’autre ambition que de donner la parole à tous ces soignants inconnus pour les aider à surmonter l’insupportable et à révéler au lecteur cet aspect peu connu de cette soirée du 14 Juillet 2016″

C’est une énorme machine, « le plan blanc » que l’Euro avait permis de préparer, qui a été mise en route ce soir-là, dans les meilleurs délais possibles. Mais pour ceux qui se trouvaient sur la Prom, chaque minute paraissait un siècle. Et pourtant. Comment secourir simultanément des victimes au sol sur 1,7km? Deux univers se sont confrontés: sur le site, une agitation folle, les cris,  la sidération, le sentiment d’abandon, voire même le chaos; à l’hôpital, l’organisation, le silence, les gestes efficaces… Même si, après les gestes qui sauvent, beaucoup d’infirmières, de brancardiers, de pompiers, de chirurgiens, se sont écroulés en larmes.

« Soigner »- Ils  ont pansé les plaies de Nice.

Un livre nécessaire. Pour les témoins et les acteurs du drame. Pour tous ceux qui veulent mieux comprendre ce qui s’est passé ce soir-là. Et une formidable marque d’espoir: l’extraordinaire solidarité qui s’est manifestée.

(*) – Cliquez sur le lien suivant pour mieux connaître le Docteur Marc MAGRO :  http://wp.me/p5ZgNr-3w

MARC MAGRO

Monsieur et Madame MAGRO, ses parents, tenaient le magasin de chaussures “Au pied d’Auguste”, Av. de la Victoire.  Médecin ostéopathe, il passe un Diplôme Universitaire d’urgentiste, spécialité qu’il exerce depuis 1993, à St. Roch à Nice et à Menton. Avec toutefois, un passage par la Fac de Lettres pour décrocher, à 30 ans, dans la foulée de la licence, un DESS de Psychologie. Parce que pour Marc, soigner un corps, c’est bien, mais c’est encore mieux quand on sait comment fonctionne la tête…

Marc MAGRO IMG3869

Auteur de nombreux ouvrages, Marc, depuis le portrait que nous vous avions présenté dans LTMVMag de Mai 2015, en a commis un dixième: « Un pouls dans la tête » qui fourmille d’anecdotes relatives au monde de la médecine. Près d’une centaine, qui se lisent comme de très courtes nouvelles qui tiennent en trois ou quatre pages, indépendantes les unes des autres et toutes surprenantes et divertissantes. Un livre parfait pour l’été afin de ne pas « bronzer idiot » et de briller à l’heure de l’apéro!